L’hypercroissance ne doit pas être une fin en soi

La semaine dernière avait lieu #FranceDigitalDay #frenchtech, Emmanuel Macron annonçait son plan MarshalLicorne avec une enveloppe de 5 milliards d’euros d’aides, pour soutenir les sociétés en forte croissance, favoriser l’émergence de licornes ou de pégases, leur introduction en bourse et même lever des barrières règlementaires qui gêneraient leur hypercroissance.

Depuis le lancement de ma société Flint fin 2018, mais depuis plusieurs années finalement, je m’intéresse au mouvement VC, Startups, Silicon Valley, hypercroissance. Je m’y intéresse principalement pour la stratégie et l’orientation que je souhaite donner à ma société. Le modèle, le rythme de croissance, levée de fonds ou pas, croissance organique ou externe etc.

Au fil de mes réflexions et lectures, je ne suis construit une opinion sur la croissance et je ne suis pas un fervent défenseur de l’hypercroissance (c’est le moins qu’on puisse dire). Je ne dis pas que je serais malheureux de connaître une hypercroissance mais que rechercher cette hypercroissance comme un objectif ou moteur de développement d’entreprise est malsain et néfaste pour la société.

Je suis conscient que mon opinion n’est ni alignée, ni politiquement correcte mais je ne suis pas d’accord pour placer l’hypercroissance au centre du modèle #Frenchtech et d’en faire le Graal ou une fin en soi.

Rechercher l’hypercroissance passe presque systématiquement par l’appel à de la levée de fonds (VC, BA) ou une introduction en bourse (cf. ce qu’on voit aux USA). Que cela soit les VC ou les marchés, leur recherche est guidée par un fort ROI lors de la revente ou de l’introduction en bourse. C’est une recherche presque exclusivement financière.

En pensant hypercroissance, il faut penser hyper-rentabilité, hyper-exit, hyper-profit. Cette recherche est malsaine sur le plan humain et social.

En effet, en plaçant le focus des entrepreneurs sur l’hypercroissance on déporte le but de la création d’entreprise sur un plan presque uniquement financier. La création d’une entreprise ne devrait pas (encore moins de nos jours que par le passé) être centrée sur une recherche de croissance financière avant tout mais sur la création de valeur sur un plan plus global.

1/ Création de valeur sociale (culture d’entreprise, bien-être et développement des collaborateurs, relations clients, relations fournisseurs, empreinte socialement positive sur les territoires et les écosystèmes, partage) ;

2/ Création de valeur écologique et de développement durable ;

3/ Création de valeur financière globale et pérenne : alignement de la création de valeur économique et financière sur les points 1 et 2.

À mettre le focus sur le financier principalement on aura tendance naturellement à en oublier les aspects humains et environnementaux si importants dans notre société.

C’est la cohésion et l’apaisement social d’une entreprise et son authenticité qui créé la valeur et la performance économique pérenne et non le contraire. A quoi sert-il d’avoir une licorne si c’est pour avoir des collaborateurs misérables ou aucune démarche sociale ou environnementale? Notre société n’a pas besoin de ce genre d’animal à corne…

Nous avions une chance de nous démarquer politiquement du modèle américain (qui connait ses limites, cf. l’affaire WeWork ou autres bulles spéculatives), pour créer un modèle FrenchTech réellement French et réellement Tech, ne laissant pas la partie sociale et environnementale de côté car par assez “Hypersexy” et “HyperRentable”. Nous avions le choix de rechercher plus loin et de voir plus grand en imaginant de nouveaux modèles et dispositifs de soutien plus pérennes et socialement plus juste en termes de création de valeur.

Au lieu de cela, nous nous retrouvons avec un troupeau de demi-licornes et d’aspirants entrepreneurs, à qui nous disons haut et fort : “Concentrez-vous tous sur l’hypercroissance, c’est la voie qu’il faut rechercher, c’est l’exemple, c’est le modèle”.

Désolé, pas pour moi, ce n’est pas le modèle que je choisirai pour ma société. 🏴‍☠️