Mes interrogations sur la Frenchtech…

Pierre Vannier
3 min readMar 3, 2019
  1. Cet article ne saurait être vu comme du bashing, il n’est pas rédigé en ce sens mais pour donner un point de vue (j’espère différent) du “politiquement correct”.
  2. J’adore nos écosystèmes et tous les acteurs qui se donnent (souvent en tant que bénévoles) pour les faire vivre. Je leur tire mon chapeau pour tout ce qu’ils apportent! ❤️
  3. Je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain ; Beaucoup de très bonnes choses sont faites par notre gouvernement (et les précédents) pour “surfer” sur la vague Tech depuis des années en France et en faire un réel outil économique et de performance pour notre pays.

Cependant, je trouve que les dernières mesures prises sont particulièrement préoccupantes (en termes de pertinence d’outils économiques j’entends…).

Je souhaite évoquer les mesures de “Pass Frenchtech”, l’orientation et la nouvelle feuille de route de la Frenchtech 2019 “Capitale Frenchtech” et enfin les “Visas Frenchtech”.

Tous ce dispositifs ont un but très clair: Comment favoriser l’hyper-croissance et (enfin) l’emergence de licornes en France. Les dispositifs, la feuille de route et les visas sont conçus spécifiquement pour se rapprocher de ces objectifs.

Les américains, les anglais, les allemands… ont des licornes (plus que la France) et zut de zut, nous n’en avons pas assez. We need our own french GAFAM!!!

Je remets en question totalement cet objectif en posant la question (candide?) :

Avons-nous besoin de courir après la création de licornes en France?

Je suis de plus en plus convaincu que la France a raté un virage, raté le virage des licornes, des super structures, de l’hyper-croissance. Ce momentum est (majoritairement) derrière, cette bataille a été perdu (comme celle du contrôle de l’Internet à l’heure ou Minitel et Transpac ont perdu contre Arpanet/Internet).

Nous arrivons bien souvent en retard dans la Tech depuis plus de 50 ans. Nous avons des chercheurs exceptionnels (lorsqu’on peut les conserver sur le territoire) mais nous passons difficilement le cap de l’industrialisation et de la démocratisation pour arriver à la banalisation des usages (le graal). C’est un fait, il me semble.

Alors, il n’est pas question ici de dire que tout est terminé et que nous n’aurons plus de startups en condition d’hyper-croissance. Les startups ayant obtenu le “Pass Frenchtech” sont là pour nous confirmer que nous avons de très belles startups, génératrices de valeurs, d’emplois, de croissance des territoires sur lesquels elles sont implantées. Faisant rayonner la France à l’International (cf CES 2019).

En revanche, j’ai tout de même l’impression qu’économiquement on serait plus sur un modèle économique de longue traîne (d’ailleurs le modèle économique d’Amazon). Les GAFAM et licornes représentant moins de 10% des startups mondiales ; Et le reste, 90% de sociétés qui peuvent être valorisées plusieurs centaines de millions de dollars (ce n’est pas négligeable et même cela constitue le gros du marché)…

Alors pourquoi ne pas avoir des dispositifs beaucoup plus ouverts en termes de critères d’admissibilité.

A l’heure actuel, les 3 dispositifs cités:

  • Pass Frenctech
  • Visa Frenchtech
  • Capitale Frenctech (ici pas un dispositif mais une feuille de route, un cahier des charges)

Ces 3 dispositifs sont essentiellement réservés à un club de “happy fews” et concentrés sur la course à la 🦄.

Pourquoi ne pas se dire qu’on ne recherche pas à créer de licornes mais plutôt vraiment créer de la valeurs et réfléchir à long termes pour l’accompagnement et facilitation de la longue traine (les 90% des startups) et pas juste 200 startups en France. D’ailleurs, combien de ces 200 startups “Pass Frenchtech” seront des licornes? ….

On s’est compris, si elles ne sont pas rachetées (encore un problème français…) elles couleront ou (la meilleures des issues selon moi) resteront des ETI florissantes. Mais surement pas des licornes.

Ces dispositifs sont élitistes et réservés à une minorité. Mon métier me met au contact de dizaines de créateurs de startups et leurs préoccupations et difficultés ne sont pas assez prises en compte.

Avant d’être en hyper-croissance il faut être capable de passer de très nombreux obstacles que ces dispositifs, si plus ouverts, permettraient de surpasser ; créant de facto plus de chance d’obtenir sur le long terme des ETI florissantes, des PME viables et de renom, un tissu économique plus riche et varié. Et pas un eugénisme minoritaire au futur plus qu’incertain…

A disposition pour discuter de cette thématique si intéressante.

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